The Legend of Zelda : Twilight Princess, ou l'histoire d'un report sans limites, qui a fait du dernier "grand" jeu GameCube le titre de lancement phare de la Wii. Annoncé dans l'euphorie générale un soir de 2004, TP représentait alors l'aboutissement d'une démo de légende apparue quatre années plus tôt, quand le Link adulte incroyablement classe de Zelda 64 entrechoquait la Master Sword avec l'épée démoniaque de Ganondorf. D'une certaine manière, la Wii concrétise le rêve d'un successeur à Ocarina of Time, tout en tutoyant le risque de n'être finalement qu'une banale redite d'un jeu exceptionnel. Twilight Princess, ou comment un jeune berger à l'existence banale va devenir le héros d'une des plus grandes aventures vidéoludiques jamais créées au contact d'une nouvelle dimension. Test garanti sans spoiler, autant le préciser.
Coeur de loup
Pour répondre immédiatement à la question qui revient sans cesse dès que quelqu'un passe la porte de la salle de test : oui, Zelda Twilight Princess est parfaitement jouable à la manette Wii. C'est même très commode de pouvoir se gratter la barbe naissante en manipulant Link Nunchuk en main, ou de disposer son inventaire sur l'interface simplement en pointant. La pêche, activité généralement pénible des Zelda, deviendrait presque excitante quand on se prend les fils du Nunchuk à trop vouloir mouliner. Simplement, il ne faut peut-être pas surestimer les possibilités du contrôleur Wii. L'absence de stick pour diriger la caméra se fait mine de rien sentir, puisqu'il oblige à faire sans cesse appel au Z-Target, ce bon vieux recentrage auto qui s'accompagne des bandes noires et du petit swiff typiques. C'est non seulement inesthétique, ça en devient parfois problématique pour les quelques passages de plates-formes, quand bien même le saut serait géré automatiquement, à la Zelda. Pour ce qui est de la visée, on gagne en fait en immersion ce que l'on perd en rapidité d'exécution. C'est subjectif, mais même après plus de trente heures de jeu, la mise en joue reste encore sujette à débat. Dans le principe, il suffit de sortir l'arc pour retrouver la cible directement à l'endroit où était le pointeur, c'est-à-dire en pleine tête orque. Recentrer la caméra et braquer par avance l'ennemi offre un gain de temps considérable avant même de penser à ajuster.
Limpide sur le papier, cet enchaînement demande une certaine rigueur dans l'exécution. En fait, ce n'est pas tellement la visée elle-même qui pose problème, mais le temps de latence qui existe lorsque le pointeur vient à sortir de l'écran. Et ce genre de situation se produit relativement fréquemment. Comme le joueur n'a pas toujours le réflexe de recentrer la caméra, il suffit que Link ne soit pas totalement tourné face à la cible pour que le point s'oriente vers un autre endroit une fois en mode "visée". Et surtout, comme on passe le plus clair de son temps le poignet détendu, soit pour donner des coups d'épée, ou tout simplement sortir inconsciemment le petit point lumineux de l'écran (une option permet de le désactiver), le jeu affiche souvent un message invitant à repositionner la Wiimote. Quoique bref, le laps de temps nécessaire pour que la détection soit prise en compte peut finir par gêner, surtout quand le moindre impact avec l'ennemi zappe le mode "vue d'épaule". Attention, il s'agit de cas extrêmes, pas archi fréquents, mais un poil trop à notre goût pour être passés sous silence. Après, quand tout se goupille, que les ennemis tombent un à un en l'espace de trois flèches, rien à dire, la visée à la manette Wii montre tout son potentiel. Bander son arc en déplaçant délicatement la cible de quelques nanomètres et voir l'ennemi succomber dans un râle procure une sensation inédite, les bruitages étant particulièrement savoureux quand le haut-parleur résonne dans la main.The Legend of Zelda : Twilight Princess est la fusion parfaite de tout ce qui fait la force de la série depuis ses débuts en 3D, une sorte de very best of qui ne peut que laisser les fans à genoux, et les autres la bave aux lèvres. Si le début du jeu fait parfois penser à un remix impeccable d'Ocarina of Time, l'ajout subtil de fantastique lugubre à la Majora et les emprunts répétés à Shadow of the Colossus, Okami et au Seigneur des Anneaux ouvrent sur une aventure longue et inouïe, qui parvient malgré tous ces inspirateurs de légende à imposer sa propre identité. Twilight Princess représente la parfaite alchimie de tout ce que le genre action-aventure a pu produire de mieux ces huit dernières années, et même plus. On peut toujours crier au loup en parlant de plagiat, s'indigner à raison de textures et de sonorités GameCube portées sans le moindre traitement de faveur, voire contester une formule qui ne changera jamais. Vu la qualité de ce chef-d'oeuvre de génie, ce serait vraiment faire preuve de snobisme.
Les plus
Des donjons fantastiques
L'évolution dans la continuité
De nouveaux objets bien pensés
Très bonne durée de vie
Un nombre de secrets hallucinant
Jouabilité au top
Un monde enchanteur
Les moins...
Textures GameCube
Sonorités MIDI
Il faut se faire à la visée
Des NPC atroces